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12 idées pour inciter les étudiant.es à chercher de l'aide

Stéphanie Vagneux - 20 mai 2021

Dans l'article Students Struggle but Don’t Seek Colleges’ Help publié dans Inside Higher Ed, la journaliste et éditrice Melissa Ezarik propose 12 idées pour remédier au fait que les étudiant.es vulnérables hésitent à chercher l'aide auprès des centres de services de soutien psychologique de leur université.

L'autrice explique que différents sondages et études réalisés récemment démontrent que les étudiant.es vivent une détresse psychologique importante, mais qu'ils ou elles semblent mal connaître les services qui leur sont offerts ou n'y font appel que dans une faible proportion. Cette sous-utilisation des services demande réflexion et les causes doivent être bien identifiées pour améliorer la situation.

D'abord quelques pistes d'explications mises de l'avant :

  • La persistance des préjugés est évoquée comme en partie responsable du faible pourcentage d'étudiants qui ont profité des services de conseil en santé mentale cette année. Mais puisque beaucoup de sensibilisation a été réalisée au cours des dernières années, cela ne peut être le seul facteur.
  • Certains professionnels mentionnés dans l'article soulignent que certains étudiant.es hésitent à faire appel aux services, car ils doutent de leur efficacité. Ainsi, une majorité d'étudiant.es se tournent vers leurs ami.es ou leur famille immédiate.
  • Les résultats de sondage démontrent aussi que les femmes consultent les services quatre fois plus que les hommes. Il est peut-être temps de revoir la façon ou les services offerts aux hommes, plus susceptibles par exemple de retenir les services d'un coach.
  • Également, le faible taux de consultation peut-il être attribué au fait les étudiant.es perçoivent ces services seulement pour les situations de crise? Surtout dans la période actuelle de pandémie, où chacun et chacune vit des défis, pourquoi aller consulter, est-ce un problème si important?

12 idées pour améliorer les services

L'autrice propose 12 idées, résumées ici, pour améliorer les services et le soutien en matière de santé mentale, maintenant et après la pandémie. Pour lire les exemples et les références, consultez l'article original de langue anglaise.

  1. Soyez critique de vos modes de diffusion de l'information : bien que l'information diffusée vous paraisse claire, elle doit être limpide pour une personne qui cherche à parler rapidement à quelqu'un de sa situation difficile. Aussi, la diffusion de cette information doit permettre d'éviter qu'une personne soit mal informée par d'autres membres de la communauté universitaire.
  2. Offrez des espaces privés pour la consultation virtuelle : les étudiant.es n'ont pas toujours accès à un espace confidentiel dans leur lieu de résidence et peuvent ainsi refuser de consulter sur cette base. Certaines universités mettent à la disposition des étudiant.es des locaux pour des rencontres privées ou virtuelles.
  3. Offrez une option de réponse immédiate : qu'il s'agisse d'une ligne d'écoute téléphonique d'urgence, des services à distance sur demande, il est essentiel de réduire les délais d'accueil d'une personne en demande de services.
  4. Examiner la possibilité de prioriser l'offre de services : l'autrice suggère aux institutions d'enseignement de se positionner face à la question suivante: si certain.es étudiant.es ont déjà un suivi avant leur entrée dans leur cheminement d'études ou s'ils ou elles bénéficient d'une couverture d'assurance pour des services professionnels, ne devrait-on pas plutôt privilégier les étudiant.es qui vivent une première expérience de difficultés ou qui n'ont pas d'autres avenues pour recevoir des soins?
  5. Soyez transparent sur le modèle de soin offert : pour éviter la confusion sur le type de services qui sera offert aux étudiant.es, assurez-vous que toutes communications sur ces services indiquent clairement la nature de ces deniers. Certaines institutions ont par exemple opté pour un modèle par étapes qui propose de rencontrer individuellement chaque personne pour déterminer le service qui pourra lui être offert.
  6. Évaluer la possibilité d'utiliser des outils de dépistage : afin d'offrir le service le plus adapté possible aux besoins d'une personne, certains outils existent pour cibler la problématique et permettent même de conserver l'anonymat dans les premières interventions. Les institutions devraient se munir d'outils d'identification des besoins et dans le respect de la confidentialité, pour tenter de savoir par exemple si l'étudiant.e a une condition médicale qu'il ou elle souhaite divulguer. Certaines institutions favorisent l'usage d'applications mobiles permettant l'auto-évaluation et la référence vers les ressources professionnelles.
  7. Adressez-vous à tous les étudiant.es : il est important de diffuser plus largement les messages clés de prévention et d'éducation sur les questions de stress et sur les défis que chacun et chacune doit traverser afin de rejoindre le maximum de profil possible. Présenter certaines émotions comme étant normales et valoriser le fait de prendre soin de sa santé mentale, d'inciter à chercher ou offrir les outils pour parfaire ses compétences en résolution de problèmes.
  8. Offrez de la formation aux pairs aidants et des groupes de soutien : ces modes de soutien sont importants et efficaces si les personnes paires aidantes sont bien outillées. Il est donc important d'offrir de la formation pour ces dernières. Aussi, les groupes de soutien permettent de rejoindre plus largement la population étudiante. L'important est d'être proactif envers les étudiant.es pour favoriser leur prise en charge par les services ou par eux-mêmes.
  9. Profitez de l'avis des étudiant.es et impliquez-les : les institutions devraient s'éloigner d'une prise en charge infantilisante ou trop superficielle (un courriel par trimestre) et s'appuyer sur les étudiant.es pour développer leurs services. Ils et elles sont les meilleur.es personnes pour identifier les éléments qui leur permettront de se mobiliser à nouveau. Aller à la rencontre des étudiant.es, les accompagner dans leurs initiatives et les tenir au courant de la situation sur le campus sont des stratégies gagnantes.
  10. Diversifier votre personnel professionnel : Un manque de diversité pourrait expliquer pourquoi certain.es étudiant.es évitent de chercher un soutien ou n'entrent pas en contact avec le personnel qui offre des services. Les étudiant.es cherchent une personne qui leur ressemble lorsqu'ils ou elles se sentent vulnérables.
  11. Créer des partenariats pour plus de ressources : qu'il s'agisse de services de télésanté ou d'un centre de services externes ou même d'un partage de ressources avec une autre institution d'enseignement, ces stratégies sont une manière efficace d'offrir une plus grande panoplie de services. Aussi, en s'associant, certaines institutions d'enseignement peuvent proposer des projets fédérateurs à subventionner, favorisant la mise en commun de certains services pour mieux mettre les énergies locales sur des enjeux spécifiques.
  12. Ne pas sous-estimer la période post-pandémie : même si le virus se fait moins menaçant avec les solutions mises en place qui font leurs effets, les traumas liés à la pandémie ne s'effaceront pas du jour au lendemain. L'expérience d'autres événements majeurs nous permet de prévoir que le retour sur le campus ne se fera pas sans heurts. Une partie de la population étudiante préférera peut-être poursuivre en soutien à distance, mais ce ne sera pas le cas pour une forte proportion d'étudiant.es. Et pour ces derniers(ères), il faut demeurer flexible, créatif et à l'affût des besoins. Il est également souhaité qu'une fois la pandémie derrière, il restera des apprentissages sur ce dont notre santé mentale a besoin.

Pour lire l'article dans sa version originle anglaise : Students Struggle but Don’t Seek Colleges’ Help