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Investir dans la santé mentale sur le campus, c'est rentable!

Stéphanie Vagneux - 15 mai 2019

Dans les collèges et les universités, on associe d'emblée les problèmes de santé mentale à un risque plus élevé d'échecs scolaires, d'interruptions d'études et d'abandons. Au-delà des gains évidents pour un établissement d'enseignement, les efforts consacrés au soutien du bien-être des étudiants sont un gage de réussite qui rayonne pour toute une société. Il s'agirait même d'un investissement rentable économiquement. C'est du moins l'originalité du propos du rapport du Healthy Minds Network, "Investing in Student Mental Health: Opportunities & Benefits for College Leadership" (2019).

En plus de plaider pour une action institutionnelle, concrète, ouverte et concertée en matière de santé mentale, ce rapport offre une synthèse des connaissances actuelles en santé mentale aux États-Unis et présente des arguments aux dirigeants et décideurs de ces établissements pour favoriser l'investissement dans les services offerts aux étudiants.

Afin de mettre la table sur l'importance de cet enjeu, le rapport met entre autres de l'avant que:

  • Un étudiant sur 3 répond aux critères cliniques identifiant un problème de santé mentale significatif, ce qui représente près de 7 millions d'étudiants aux États-Unis;
  • La plupart des problèmes de santé mentale surviennent avant l'âge de 25 ans;
  • Plus les services sont offerts tôt, plus les résultats positifs sont durables;
  • Le suicide est la 2e cause de mortalité chez les étudiants;
  • Les études démontrent également un lien plus étroit entre la santé mentale et la réussite que pour d'autres caractéristiques ou problématiques étudiantes (niveau de préparation, stress financier, réseau social, sentiment d'appartenance, etc.). Ce qui fait dire aux auteurs de ce rapport que les indices concrets de difficultés académiques (une basse moyenne cumulative, par exemple) ne sont souvent que des symptômes déguisés de problèmes de santé mentale.

Il est donc important de pouvoir repérer les étudiants aux prises avec des difficultés de santé mentale et agir sur ces dernières pour prévenir une portion significative d'interruptions d'études, d’échecs ou d'abandons. Ce rapport est donc un plaidoyer en faveur de plus d'investissement dédié au soutien de la santé mentale, favorisant l'atteinte de la mission de l’établissement ainsi que sa santé financière. Aussi, en favorisant la diplomation des étudiants, ces derniers pourront à leur tour bénéficier d'une espérance de santé financière plus grande. Le rapport propose même un outil de calcul du retour sur l'investissement (voir l’infographie qui décrit le calcul) des services mis en place pour soutenir la santé mentale.

Une fois ces constats mis de l'avant, le rapport propose de s’inspirer de bonnes pratiques documentées dans le réseau d'enseignement supérieur américain. Le rapport met notamment l'accent sur l'importance pour les dirigeants d'être de bons porte-parole et défenseurs de la santé mentale pour réduire les préjugés et la stigmatisation. Donc, en plus de développer des centres de prévention et de soutien aux problèmes de santé mentale dans leur institution :

  • Certains chefs d'établissements ont parlé ouvertement de leur propre expérience de difficultés en matière de santé mentale, mentionnant l'importance d'aller chercher de l'aide;
  • Certains ont également fait en sorte d'offrir dans tous les secteurs et lieux de l’établissement des opportunités d'expression pour des enjeux de santé mentale;
  • Certains offrent même une formation obligatoire sur la santé mentale à tous les étudiants de première année;
  • Certains abordent la question en faisant la promotion d'une culture d'ouverture et d'inclusion de l'institution, exprimant ouvertement le désir de briser le silence sur les souffrances vécues par les étudiants ("no voice is too quiet to listen to. No story of abuse is too minor to ignore. No truth is too uncomfortable to face") par le biais d'un programme (CARE program de l'University of Texas at Austin) décentralisé d'intervenants, disponibles partout sur le campus, jumelé à un centre développé et doté de services spécialisés;
  • Certains ont procédé à une analyse fine des besoins de leur population étudiante et du contexte géographique pour développer un service sur mesure et palliant le manque de services accessibles de leur région.

Les auteurs de ce rapport invitent les lecteurs à s'inspirer également d'autres exemples salués par le Active Minds Healthy Campus Award.

Pour consulter le rapport : Investing in Student Mental Health: Opportunities & Benefits for College Leadership

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